Introduction
À différentes occasions, je me suis adressé à l’auditoire, en France ou ailleurs, par l’approche de thèmes de référence dans la culture contemporaine, par des réflexions sur la réforme impliquée par la transition dans les pays de l’Europe Centrale et Orientale. Je l’ai toujours fait dans la toujours fascinante langue française.
Je n’ai pas fait d’études ou de recherches scientifiques en France, comme j’en ai fait en Allemagne et aux États-Unis ; cependant, j’ai fait de l’apprentissage continu du français un devoir culturel et je l’ai ressenti comme une satisfaction.
Je réunis en ce volume une sélection des études que j’ai présentées, au fil des années, dans la langue de Descartes et de Camus.
Chronologiquement, la liste commence avec l’étude consacrée à la Révolution française, préparée pour être présentée à la réunion de Dubrovnick, lors de l’anniversaire du bicentenaire des événements historiques de 1789.
La liste continue avec une approche du spécifique culturel de l’Europe, présentée lors d’une session organisée en 1995 par l’Ambassade de France en Roumanie. Une des conférences consacrées à la rénovation des universités de l’Europe Centrale et Orientale, je l’ai tenue au Collège de France, en 2004. Les autres interventions sur un thème universitaire ont été présentées lors des conférences tenues dans des universités françaises, à différentes occasions. Les autres conférences font partie du paquet préparé en 2005 pour être présentées à l’Université « Paul Valéry » de Montpellier, où j’ai tenu des conférences. La conférence Sur la société post-séculière, a été tenue à Paris, à l’Académie Hillel, en 2006.
Les parties portent des titres tels : « La Modernité», « La Culture européenne », « La Religion aujourd’hui », « L’Université en réforme », ce qui rend compte de leur poids. À l’intérieur de la théorie de la modernité (que j’ai présentée plus largement dans le volume Raţionalitate, comunicare, argumentare, 1991), j’ai plaidé en faveur du remplacement de l’approche économiste par la reconnaissance de la primauté des institutions, ensuite, pour une approche pragmatique de la science et j’ai défendu le retour à des valeurs fermes en tant qu’alternative au relativisme (avec une argumentation plus complète dans mon volume Relativismul şi consecinţele sale, 1998). J’ai proposé un concept génératif du spécifique culturel de l’Europe et j’ai cherché à répondre aux questions impliquées dans la transition du « paradigme national » au « paradigme européen » dans l’approche des problèmes de la modernisation (j’en ai offert des réponses plus détaillées dans Filosofia unificării europene, 2003). J’ai signalé des changements majeurs dans le rôle de la religion dans la modernité tardive, dans la connaissance de la tradition judéo-chrétienne et dans la compréhension de l’osmose entre le christianisme et le judaïsme (après avoir abordé ces changements dans Religia în era globalizării, 2003) et j’ai analysé des arguments et des implications de la thèse de la « société post-séculière ». Prenant en compte le « tournant culturel (cultural turn) » qui a eu lieu dans la modernité tardive et la nouvelle importance dont jouit l’éducation, j’ai abordé des problèmes de la réforme de l’éducation universitaire dans le cadre de la transition du « socialisme oriental » à la société ouverte, après 1989, dans l’Europe Centrale et Orientale (que j’ai examinés en détail dans mes livres University Reform Today, 2005 ; Bildung und Modernisierung, 2005 ; Anii reformei 1997-2000, 2001).
Les textes réunis dans ce volume ont été élaborés à différentes occasions et appartiennent à des domaines différents. Cependant, ils expriment tous mon point de vue sur les problèmes de la modernité tardive et de l’éducation, un point de vue qui est, généralement et philosophiquement parlant, celui d’un pragmatisme réflexif.
J’exprime ma gratitude à Madame Valeria Hopârtean, à Madame Mihaela Toader et à Monsieur Horia Lazăr pour leurs contributions à la traduction des textes. Je suis reconnaissant à Madame Letiţia Ilea pour la lecture finale.
Que ce volume rende à la langue française et à la France ce que je dois, à mon tour, à la prestigieuse culture qui les représente.
Andrei Marga